Admin- Admin
- Messages : 11564
Date d'inscription : 08/11/2016
Age : 59
Localisation : Saint-Denis de la Réunion
par Admin Sam 2 Déc - 18:52
RÉCIT. Le jour où Michel Le Milinaire a failli partir à Nîmes…
Michel Le Milinaire avec l'ex croco René Girard
Michel Le Milinaire, l’emblématique entraîneur du Stade Lavallois, vient de s’éteindre à l’âge de 92 ans. L’homme était simple et animé de vraies valeurs. Un romantisme qui tranchait avec le monde professionnel du football qui a encore bien changé depuis ses années mayennaises. L’histoire de son transfert avorté à Nîmes en 1992 témoigne de sa simplicité.
Une histoire résume ce qu’était Mimi. Avant l’été 92, Jean Bousquet, le président de l’ambitieux Nîmes et fondateur de la marque de vêtements Cacharel, contacte Michel Le Milinaire, sous contrat au Stade Lavallois mais qui sent que l’heure est peut-être venue de quitter la Mayenne. Le coach n’a pas d’agent pour s’occuper de ses affaires et n’est pas trop rompu aux négociations. Il demande alors à son ami Jacques Guégan, un de ces anciens joueurs reconverti dans l’immobilier, de venir avec lui à Nîmes. « Je lui ai dit : mais Mimi, je ne suis pas agent, se souvient « Jacky » passé du Stade lavallois à Quimperlé. Mimi m’a dit : « tu connais le monde des affaires vu que tu bosses dans l’immobilier. Moi, je n’y connais rien. »
Voilà les deux amis en route pour Paris où ils sont reçus au siège de Cacharel par Jean Bousquet, un personnage qui est aussi maire de Nîmes. « Il a dit à Mimi qu’il avait carte blanche sur le plan sportif avant d’évoquer les conditions salariales. Un salaire très confortable et même une maison de fonction avec piscine sur les hauteurs de Nîmes. Mimi ne disait trop rien. Avant de partir, Bousquet a tenu à nous offrir cinq chemises Cacharel chacun. »
De retour à Laval, Michel Le Milinaire prend contact avec son président Jean Py. Pour services rendus, le coach emblématique des Tangos pensait qu’il aurait un bon de sortie. Mais le patron du Stade Lavallois ne l’entend pas de cette oreille et demande une indemnité de transfert pour lâcher son entraîneur. Embarrassé, Michel rappelle Jean Bousquet pour lui dire qu’il y a un transfert à payer. « Grand seigneur, le Nîmois répond que ce n’est pas un problème et qu’il va payer la somme demandée, poursuit Jacques Guégan. Et là, fidèle à son image, Mimi répond : « Non, Président, je suis désolé, mais je ne vaux pas cette somme. Ni d’ailleurs aucune somme. » Il n’acceptait pas l’idée de valoir un prix. C’était une conception unique du foot et de son métier. Des valeurs qui n’existent plus. C’était un homme extraordinaire, d’une grande humanité. »
Les deux amis ont fini par en sourire : « On s’est dit qu’on n’avait pas tout perdu : on était bien habillés avec nos chemises… » Le moins drôle de l’histoire, c’est que trois mois plus tard le président de Laval écarta Michel Le Milinaire de la direction de l’équipe professionnelle. Le romantisme n’était déjà plus une valeur refuge.
Source : Ouest France